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LA CHANSON DU VIN
.LA CHANSON DU VIN
Voici la vendange, ô gué,
Voici la vendange !
Déjà mes deux yeux s’allument
Comme devant un repas.
Les rouges cuves qui fument
Vous grisent à quinze pas.
Voici la vendange, ô gué,
Voici la vendange !
Ce spectacle magnifique
Est toujours nouveau pour moi ;
Croit-on que l’on respire
Toute la vie à la fois ?
Voici la vendange, ô gué,
Voici la vendange !
Quel parfum ! Se dit ma gueule.
Et ma trogne : Quel nectar !
Et dans leur juste querelle
Ils se reprochent leur part.
Voici la vendange, ô gué,
Voici la vendange !
Je veux de ce vin qui chante
Boire tant, je me connais,
Que j’en deviendrai un chantre
Et parlerai polonais.
Voici la vendange, ô gué,
Voici la vendange !
Il faudra bien que ma bouche
Se fende jusqu’à mes pieds :
Tant pis si mes yeux en louchent
Et s’en offusque mon nez.
Voici la vendange, ô gué,
Voici la vendange !
J’en boirai en masse, en foule,
Oui, tellement j’en boirai.
Que mon âme sera pourpre
Lorsque je la vomirai.
Voici la vendange, ô gué,
Voici la vendange !
RAOUL PONCHON
Le Courrier Français
1888
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