12 sept. 2008

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LA CHANSON DU VIN
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Voici la vendange, ô gué,
Voici la vendange !

Déjà mes deux yeux s’allument
Comme devant un repas.
Les rouges cuves qui fument
Vous grisent à quinze pas.

Voici la vendange, ô gué,
Voici la vendange !

Ce spectacle magnifique
Est toujours nouveau pour moi ;
Croit-on que l’on respire
Toute la vie à la fois ?

Voici la vendange, ô gué,
Voici la vendange !

Quel parfum ! Se dit ma gueule.
Et ma trogne : Quel nectar !
Et dans leur juste querelle
Ils se reprochent leur part.

Voici la vendange, ô gué,
Voici la vendange !


Je veux de ce vin qui chante
Boire tant, je me connais,
Que j’en deviendrai un chantre
Et parlerai polonais.

Voici la vendange, ô gué,
Voici la vendange !

Il faudra bien que ma bouche
Se fende jusqu’à mes pieds :
Tant pis si mes yeux en louchent
Et s’en offusque mon nez.

Voici la vendange, ô gué,
Voici la vendange !


J’en boirai en masse, en foule,
Oui, tellement j’en boirai.
Que mon âme sera pourpre
Lorsque je la vomirai.

Voici la vendange, ô gué,
Voici la vendange !



RAOUL PONCHON
Le Courrier Français
1888
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