12 oct. 2007

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Chanson des Pirates
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Nous filions quinze noeuds à l'heure
Nez au vent et vent dans le dos,
Allant vers cet Eldorado
Que l'on nomme l'Assiette au Beurre ;
Rapides comme des liqueurs
Qui passent devant la douane :
Sur la galère panamane
Nous étions quatre cents rameurs.

Un jour - je ne sais plus la date -
En passant un détroit, lequel
Est dit suffrage universel
En notre langue de pirate,
Sur des rocs, pauvres écumeurs,
Nous faillîmes rester en panne ;
Sur la galère panamane
Nous étions quatre cents rameurs.

Nous étions trop chargés, je pense,
Aussi jetâmes-nous d'abord
La foi, l'honneur, par dessus-bord,
Et petit père la Conscience.
Ainsi délestés des gêneurs
Nous regardâmes la mer plane ;
Sur la galère panamane
Nous étions quatre cents rameurs.

Un autre jour près d'un rivage,
Nous vîmes, heureux matelots,
Telle Vénus au sein des flots,
Une jeune vierge à la nage.
Elle avait la grâce des fleurs
Et son nom était Marianne ;
Sur la galère panamane
Nous étions quatre cents rameurs.

Nous jetâmes l'ancre bien vite,
Et dès que l'on l'eut prise à bord,
Nous nous ruâmes tout d'abord
Sur la malheureuse petite ;
Quatre cent vieillards querelleurs
S'arrachèrent cette Suzanne ;
Sur la galère panamane
Nous étions quatre cents rameurs.

Et c'est ainsi que Marianne
Nue et blanche au soleil d'été
Et dont l'exquise pureté
Etait pour les coeurs une manne,
Du fait de quatre cent violeurs
De vierge devint courtisanne :
Sur la galère panamane
Nous étions quatre cents rameurs.

RAOUL PONCHON
le Courrier Français
11 déc. 1892
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Cette gazette, relative à l'affaire de Panama est une parodie de Victor Hugo :
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Chanson de pirates

Nous emmenions en esclavage
Cent chrétiens, pêcheurs de corail ;
Nous recrutions pour le sérail
Dans tous les moûtiers du rivage.
En mer, les hardis écumeurs !
Nous allions de Fez à Catane...
Dans la galère capitane
Nous étions quatre-vingts rameurs.

On signale un couvent à terre.
Nous jetons l'ancre près du bord.
A nos yeux s'offre tout d'abord
Une fille du monastère.
Prés des flots, sourde à leurs rumeurs,
Elle dormait sous un platane...
Dans la galère capitane
Nous étions quatre-vingts rameurs.

- La belle fille, il faut vous taire,
Il faut nous suivre. Il fait bon vent.
Ce n'est que changer de couvent.
Le harem vaut le monastère.
Sa hautesse aime les primeurs,
Nous vous ferons mahométane...
Dans la galère capitane
Nous étions quatre-vingts rameurs.

Elle veut fuir vers sa chapelle.
- Osez-vous bien, fils de Satan ?
- Nous osons, dit le capitan.
Elle pleure, supplie, appelle.
Malgré sa plainte et ses clameurs,
On l'emporta dans la tartane...
Dans la galère capitane
Nous étions quatre-vingts rameurs.

Plus belle encor dans sa tristesse,
Ses yeux étaient deux talismans.
Elle valait mille tomans ;
On la vendit à sa hautesse.
Elle eut beau dire : Je me meurs !
De nonne elle devint sultane...
Dans la galère capitane
Nous étions quatre-vingts rameurs.

Victor Hugo
Les Orientales

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