2 oct. 2007

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AU PAYS DE MIREILLE
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Les félibres « font du bruit » autour du buste de Mistral
Journaux


Ah ! mon Dieu ! Miséricorde !
La discorde
Règne au pays d’ « estramborde".
Voilà que le Midi bouge,
Tout est rouge.
Tenons-nous bien dans le Nord !

Les félibres sont en guerre
*
Qui, naguère,
Ne faisaient qu’un groupement,
Du pays de la Tarasque
Jusqu’au Basque,
Une famille, un ciment.

Ainsi donc, cette famille,
En bisbille,
S’est partagé en deux camps,
- Ainsi qu’ont fait nos artistes
Humoristes. -
J’en prévois de subséquents.

Et tout cela, Vierge auguste !
Pour un buste
De son poète Mistral,
L’un voulant en quelque sorte
Qu’il ne sorte
De son royaume ancestral ;

Et puis l’autre - d’où litige -
Qu’il s’érige
Au parc de Sceaux, près Paris,
*
Ou déjà, de tous calibres,
Maints félibres
Se meurent de vert de gris.


*
* *


Sans vouloir prendre posture,
N’en ai cure,
En ce débat pastoral,
Et quoi qu’un jury lucide
En décide,
Ce monument de Mistral

Serait mieux placé je pense,
En Provence,
En Arles, dans Avignon,
Voire même, Dieu me damne !
A Maillanne,
*
Puisqu’il a là son pignon ?

Mais voilà qui m’inquiète…
Ce poète,
Peut-on pas dans deux endroits
Lui dresser une statue ?
Qu’on me tue
S’il n’en mérite pas trois !

Quoi là-dessus vous divise ?
Qu’il le dise
Le parti le plus têtu.
Mais, o félibres, sans doute,
Somme toute,
Ce n’est qu’un malentendu ;

Même, au moment que je parle,
Messieurs d’Arles,
Vous terminez le conflit
Autour d’une vaste, épaisse
Bouillabaisse,
A l’ombre d’un ailloli !




Raoul Ponchon
le Journal - 22 mai 1912

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