.
.
Sextine
Le joailler Printemps dans la grâce première
Du matin fait jouer ses écrins précieux,
Cependant qu'éblouis par leur propre lumière,
Ivres, et tout trempés des flots de leur crinière
Les chevaux du Soleil escaladent les cieux,
Ronflant du feu par les naseaux et par les yeux.
Les fleurs qui sommeillaient écarquillant les yeux
Au doux enchantement de la clarté première
Exhalent en parfums leur âme vers les cieux ;
Et pâmant sous ce dais lointain si précieux
Que des nuages blancs frangent de leur crinière,
Silencieusement boivent de la lumière.
Les atomes de l'air chatoient à la lumière
- Sable subtil de jour qui fait cligner les yeux ; -
Le chardon furieux hérisse sa crinière,
Et la rose infinie, ouverte la première
Se laisse aimer par mille insectes précieux
Qui semblent des bijoux ciselés dans les cieux.
Et le quadrige d'or qui retentit aux cieux
Laisse bienfaisamment une chaste lumière
Tomber, qui revêt tout d'un tulle précieux ;
Et la nature est comme une vierge aux doux yeux
Palpitante et ravie en sa candeur première,
Et fière ingénument de sa blonde crinière.
Et la campagne au loin agite sa crinière
De bois et de forêts sous le baiser des cieux :
Elle se pare ainsi qu'une jeune première,
Et le seigneur Avril habillé de lumière
Baise coquettement les fleurs qui sont ses yeux
Où scintille l'amour en cristaux précieux.
Ne dirait-on pas voir un palais précieux,
Où le bon dieu Soleil à la rouge crinière
Fond dans un même éclat pour la fête des yeux
Le jardin de la terre et le jardin des cieux,
Et le monde gorgé de vie et de lumière
Palpiter comme au jour de sa gloire première ?
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire