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VIEUX CHIFFONS
Dites-moi donc ce qu’il arrive
Des députés non réélus ;
Ils font quoi, vont sur quelle rive,
Ces élus qui ne le sont plus ?
Dites-le, pour que je l’apprenne ;
Vont-ils chez les Chip-Song-Pennas ?
Dans le ventre d’une baleine
Robinsoner comme Jonas ?
Que diable est-ce qu’ils peuvent faire
Quand ils rentrent dans le commun ?
Ils se meuvent dans quelle sphère,
Clémenceau, Laguerre, de Mun ?
Quoi, en dehors de sa valise,
Fait Guyot ? Ou bien tel paquet ?
Que font ces excès de sot ise
Passy, Frédéric ou Floquet ?
Barrès, qui donne la migraine,
Cassagnac le beau capitan ?
Que font-ils, Vierge souveraine ?
Mais où sont les nèfles d’antan ?
Vous m’allez dire ; J’imagine
Que chacun fait de son côté
Ce qu’il faisait à l’origine,
Avant que d’être député :
Ainsi Guyot peut bien encore
Faire un vieux petit employé,
Machin, que son orgueil décore,
A la Morgue faire un noyé…
Chose aura toujours la ressource
De descendre au sein de son moi ;
Passy peut aller à la Bourse
Si c’est proprement son emploi…
Clémenceau détient la Justice ;
En tout cas, il aurait toujours
Cornélius, son vieux complice,
Qui garantirait ses vieux jours ;
Des députés non réélus ;
Ils font quoi, vont sur quelle rive,
Ces élus qui ne le sont plus ?
Dites-le, pour que je l’apprenne ;
Vont-ils chez les Chip-Song-Pennas ?
Dans le ventre d’une baleine
Robinsoner comme Jonas ?
Que diable est-ce qu’ils peuvent faire
Quand ils rentrent dans le commun ?
Ils se meuvent dans quelle sphère,
Clémenceau, Laguerre, de Mun ?
Quoi, en dehors de sa valise,
Fait Guyot ? Ou bien tel paquet ?
Que font ces excès de sot ise
Passy, Frédéric ou Floquet ?
Barrès, qui donne la migraine,
Cassagnac le beau capitan ?
Que font-ils, Vierge souveraine ?
Mais où sont les nèfles d’antan ?
Vous m’allez dire ; J’imagine
Que chacun fait de son côté
Ce qu’il faisait à l’origine,
Avant que d’être député :
Ainsi Guyot peut bien encore
Faire un vieux petit employé,
Machin, que son orgueil décore,
A la Morgue faire un noyé…
Chose aura toujours la ressource
De descendre au sein de son moi ;
Passy peut aller à la Bourse
Si c’est proprement son emploi…
Clémenceau détient la Justice ;
En tout cas, il aurait toujours
Cornélius, son vieux complice,
Qui garantirait ses vieux jours ;
Floquet, que faisait-il ? - Pardine,
Je n’en sais rien ; je crois qu’il ven-
Dait de la graisse de sardine…
Il fera donc comme devant,
Quant à celui qui s’exténue
A ne rien faire…eh bien, mon Dieu,
Comme le nègre, il continue
Jusques à en devenir bleu…
Possible, sans doute, peut-être…
Mais non… vous vous trompez combien !
Un député cessant de l’être
Tombe au dessous de rien de rien.
Il n’est même plus quelque chose
Après avoir été quelque’un ;
Il est à peu près une rose
Sans forme, couleur ni parfum.
Qu’un député cesse de plaire
Personne plus ne le connaît ;
Il n’est que mexicain, que glaire,
Que caca, que bran et qu’ohnet.
Il ne peut faire que se taire.
Ce qu’il savait, il l’oublia
En son règne parlementaire :
Bienheureux est qui rien n’y a.
Ainsi vous verrez ce neuf membre
Du Parlement, l’homme-canon,
Après deux ou trois ans de chambre
Ignorer ce qu’est un canon.
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En somme, contre la fortune
Lres pauvres n’ont aucun recours ;
Tous ces vaincus de la tribune
N’ont plus qu ‘à chanter dans les cours.
Et encore ! Car la moyenne
De ces sinistres effondrés
Ne relèvent que de Cayenne
Quant ils ne se font pas curés.
Raoul Ponchon
le Courrier Français
En somme, contre la fortune
Lres pauvres n’ont aucun recours ;
Tous ces vaincus de la tribune
N’ont plus qu ‘à chanter dans les cours.
Et encore ! Car la moyenne
De ces sinistres effondrés
Ne relèvent que de Cayenne
Quant ils ne se font pas curés.
Raoul Ponchon
le Courrier Français
17 sept. 1893
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