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RÉPHORME de L’ORTOGRAPHE
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Un projet de réforme de l’orthographe signé des noms les plus fameux
a été adressé à l’Académie Française
Akadémissiens de la grrande Ainstitute,
Ki potacé san sesse et ki repotacé
Ce bo diktionair ke partou lon raipute
Tan kil ne restera plus zun mo de phrancé ;
Bien ke je soi de vou tout à faite inconue
Lécé-moa vou çoumaître, ô doqtes Imortel,
Une idé magnifike, idé ki mais venue
Un çoir ke jean landais chanté Guyome Tel.
Je panse ke danz un éta des mots kratike
Il ait bien maleureu de vouar k’un grrand Ceigneur
Ecri kelkefoi moin bien ke son dos mestike
San conpté ke çouvant il sen fête un oneur.
On conai l’ortografe ôci dé kuizinière
Ki pace an phantézi tou ce con peu rêvé,
L’ânerie à tou qoup i montre son dériaire.
Alecsandre DuMat conpte kil an avé
Tune, ortografian de phaçon for chanpaître
Son non, tel ke lu fai le phis du grand Sophi,
Aile n’an koncervai pa une ceule lètre,
Karr se noman Sophie elle éqrivai çauphy.
Mécieux, ci tou les jeans n’on pa la mêm ohrthographe
C’ait qe bôcou d’antreu ne l’aprire jamets,
D’ôtres i son rebèle inci k’une jiraphe,
Et kelkes-uns ôci s’an phiche, jean cOhnets.
Or, dé çavans en us, vé nez râbles Caçandre,
Et, par le dernié trin, venu de Batignol,
Veule tripatouyé notre ortaugraffe é rendre
Le phrançais akcécible au vaches espagnol.
Les un veule tué la plupar dé conçone ;
D’ ôtres n’an trouve pas acé dans le mo cu ;
Celuissi ne veu pas de cédille à çorbonne,
Celui la vous eqrit andouille par un Q.
C’es pour ke le phrançai deviène fonétike
Kil phont insi la guère o khonssonnes ,…ô la la !
Ce n’ai pa fonétike, élas, mais bien étike
Kil deviendrai, ci lon ni métait le holà !
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Et dabor serait-il plus ézé de l’aprandre
L’ortografe ? une foi kil l’oront réphormé ?
Khan pansé vous mes cieux ? je croix ke pour la randre
Aqcecible à chakun, il fô la suprimé
K’on l’éqrive come on voudra. Je trouve onète
Ke le gran Ceigneur, si tel est sa phantaizi,
Puice maitre pluzieurs h au mo : chlarhinhèthe ;
Son valet an ôté bocoup au mo : ftizy.
Que l’e muet oci disparaiss kant il jène
Çoi dans l’intérieur d’un mot ou çoi to bou.
Je consans à hécrir sans h le mot : Ugène
May sy j’ème l’y grec, jean veuh maytre partouh.
Selon que plus ou moin l’on goûtte lé conçone,
K’on ne lé veuillent pa toujours o memme endroit
Chaqun ora sa propre ortografe, la bonne.
Le pohète surtou ne sera plus en proi.
Mécieux, certènemant, tel est la cène à phaire.
L’ortografe devient inssi hune euvre d’arh ;
Chakun celon son goûs, celon son qaraqtère,
Par egzample, écrira ce mo priz oh azar :
Ohnet, Honet, Onet, Onette, Oneth, Hohnète,
Onhet, Hohnet, Hohnhet, Honett, Onait, Aunaith,
Auneth, Oneht, O’Neith, Aunhet, Haunet, Onhètte,
Aunette, Hautnette, Onhaite, Auhnaite, Eau nette,
[ Hheauhnaith…
… j’an ékrirais ainci pandant l’anèe antière.
Cet egsample sufi. De nou ke la plupar
D’éqrire l’aurthografe adopte une manière
Et vous m’an diré de bones nouvèles. Kar
Je veu bien avaler aveq une ceringue
Dézormai tou le vain ke je boi sans répi,
Ci ho jourdojourdui kelkun de vou dix tingue
Les verts d’Anribornié de la prause à Delpi.
Ce n’est rien sil sagi de cé deu peaux ligrafe,
Ça va cent dire ; mai n’étil pa bien sévert
De vouloir ke Sarceys è la même orrtografe
Que l’empereur Gauthier ou le pape Flaubert !
RAOUL PONCHON
le Courrier Français
01 déc. 1889
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