16 sept. 2007

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A ton nez que je vois,
Sensuel comme un moine,
Emprunter au pivois
Sa couleur de pivoine ;

A ton nez, ô Ponchon,
Qui, joyeux, se trémousse
Quand saute le bouchon ;
Nez, fleur de ta frimousse !

Nez de rapin rupin
Qu’à peindre tu t’escrimes,
Et qu’a peint Richepin
En truculentes rimes.


Nez que l’on ne peut voir
Sans qu’on lui rende hommage,
Que je voudrais avoir
Le mien à ton image !

Afin de t ‘égaler
En vain je me culotte ;
J’ai beau le régaler,
Sa couleur est pâlotte.

J’ai cependant pour lui
Vidé mainte bouteille
Sans qu’en sa chair ait lui
L’améthyste vermeille.

J’ai tâté du bordeaux
Ainsi que du bourgogne
A tomber sur le dos
Tant j’en étais ivrogne.

J’ai bu - mais c’est mauvais -
Ce jus nommé champagne ;
J’en buvais, j’en buvais
A battre la campagne.

Puis j’ai bu le gros bleu
Au zinc du mannezingue,
Qui me raclait, parbleu !
Autant qu’une seringue.

Par mon gosier fourbu,
Ainsi qu’une avalanche,
J’ai bu, j’ai bu, j’ai bu,
Et la jaune et la blanche.

Mon nez n’est pas couvert
De la pourpre très sainte,
Il est devenu vert !
A pomper de l’absinthe.

Nez vert ! Nez carmin
Je rêvais l’animal !
Las ! Il n’était pas né
Pour être cardinal !

- Ne pleure pas, piton
Affamé de garance,
Car le vert est, dit-on,
Le ton de l’espérance.

Vidons le vieux cruchon
Dont ma beauté t’arrose
Au grand nez de P o n
Qui voit la vie en rose.



GEORGES DE LYS



Georges de Lys (1855-1931), pseudonyme de Georges Fontaine de Bonnerive, saint-Cyrien, militaire de carrière, était un polygraphe (poèmes, pièces de théâtre, romans de moeurs, romans populaires, romans d'aventures pour la jeunesse, romans militaires, contes, articles de presse, romans sentimentaux...) ami de Ponchon, Richepin et Maupassant.

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