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Les Pères la Pudeur
Les Pères la Pudeur
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A Jules Roques
Vous voilà donc, mon cher Roques ;
Encore un coup poursuivi
Par ces magistrats baroques ?…
Vous devez être ravi ;
Car, enfin - ou je me trompe
Fort, ces injustes procès
Donnent plus d’éclat, de pompe
A votre Courrier Français,
Font marcher votre commerce.
- Pendant son séjour ici,
Est-ce que le Shah de Perse
Ne vous a pas dit ceci :
« Si des journaux de la Seine
Le Courrier Français, vraiment
Est de tous le plus obscène,
Ce doit être un vrai nanan ;
Donc, pour réchauffer leurs lymphes,
Leur donner de l’agrément,
A chacune de mes nymphes
Je prends un abonnement. »
*
* ...*
Vous voilà donc, mon cher Roques ;
Encore un coup poursuivi
Par ces magistrats baroques ?…
Vous devez être ravi ;
Car, enfin - ou je me trompe
Fort, ces injustes procès
Donnent plus d’éclat, de pompe
A votre Courrier Français,
Font marcher votre commerce.
- Pendant son séjour ici,
Est-ce que le Shah de Perse
Ne vous a pas dit ceci :
« Si des journaux de la Seine
Le Courrier Français, vraiment
Est de tous le plus obscène,
Ce doit être un vrai nanan ;
Donc, pour réchauffer leurs lymphes,
Leur donner de l’agrément,
A chacune de mes nymphes
Je prends un abonnement. »
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* ...*
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Mais, dites-moi, qu’est-ce encore
Que vous avez édité ?
Quelque dessin que décore
Sa seule immortalité ?
Publiâtes-vous la tête
Du satané Ferrouillat,
Qui voulait, la bonne bête,
Jadis, qu’on vous verrouillât ?
Avez-vous dans vos colonnes
Comme quiconque, eu recours
A des histoires friponnes
Comme on en lit tous les jours ?…
Vous êtes incorrigible ;
Et tant que vous emploierez
Pour faire un journal possible
Des artistes avérés,
Tel que cet Heindbrinck immonde,
Par exemple, qui dit : la
Plus belle fille du monde
Doit montrer tout ce qu’elle a ;
Ou ce Legrand impudique,
Dessinateur de malheur,
Qui - le gros corrompu - dit que
Il ne faut rien qu’une fleur
Pour habiller une femme ;
Ou ce Lunel épatant
Qui prétend - le monstre infâme -
Qu’il n’en faut pas même tant,
Ces poursuites équivoques
Dont j’ignore les dessous,
Vous pendant au nez, ô Roques,
Comme un sifflet de deux sous.
*
* ...*
Je sais bien que la police
Met à saisir le Courrier
Une certaine malice,
Mais enfin, c’est son métier.
Elle pourrait prendre une autre
Feuille, cela saute aux yeux
Elle n’en veut qu’à la vôtre :
Remerciez-en les dieux !
Je jure aussi sur ma vie
Que ces magistrats retors
Que l’Europe nous envie
Ont mis tout bon sens dehors ;
Que ces zèbres aux mœurs pures
Ont un singulier compas
Dans l’œil, et voient des ordures
Où l’artiste n’en met pas ;
Que cette vieille censure
Est presque toujours grise, ou
Qu’en ses veines la luxure
Couve comme un feu grisou.
… Que voulez-vous que j’y fasse ?
Vous-même n’y pouvez rien.
Il convient, disait Horace
De ne s’étonner de rien.
Quant à moi, qui suis un sage,
Sachant que votre Courrier
Est poursuivi pour outrage
Aux mœurs, je vais m’le payer.
RAOUL PONCHON
le Courrier Français
20 oct. 1889
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