7 oct. 2007

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Bon Jour, bon An.
.Sur le midi, sortant de la taverne,
Certain ivrogne allait je ne sais où ;
Mon homme tombe et soudain on le berne,
Bien qu'il jouât à se casser le cou.
Quelqu'un pourtant lui dit : - " Monsieur Grégoire,
Puisque le vin vous fait ainsi broncher
A chaque pas, vous avez tort de boire...
- Non, mon ami, mais j'ai tort de marcher. "
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Qu'un an finisse ou qu'il commence,
C'est toujours la même romance


Il me trouve le verre en main.
On dirait que la Providence
N'a semé, dans sa prévoyance,

Que des bistrots sur mon chemin.
On dit que pendant cette année
Qui fut quelque peu cuisinée

Par des méchants et par des fous
Il y eut d'étranges escrimes,
Pour ne vous point dire des crimes.



Je n'en sais rien, et, je m'en fous.
Eh ! que m'importe ces engeances
Et autres vagues contingences

Pourvu que le geste soit beau
Et qu'ainsi que Loubet je porte
Jusqu'à ce qu'un diable m'emporte

Un peu de travers de mon chapeau,
Absurdes antialcooliques
Vous m'enterrez sous vos cliniques


Depuis cinquante ans révolus.
Parbleu, vous parlez comme un livre.
Mais je me fiche bien de vivre :

Vivons un peu moins, buvons plus.


Doux lecteurs, chères abonnées
Qui depuis tantôt quinze années,

Voire plus si j'ai bien compté,
Nous avez fait l'honneur de lire
Ce que notre vineuse lyre

Jusqu'à ce jour vous a conté ;
Tes vers ne valent pas grand'chose,
Me dit un buveur d'eau morose.

O mon ami, je le savais.
Mais songe que si j'étais sobre,
Dit l'autre, de ce jus d'octobre,

Ils seraient encor plus mauvais.
Mais, passons. Donc je cause,
Que je fais ma dernière pause

Du siècle au sein d'un cabaret,
A votre santé je veux boire,
O mon indulgent auditoire,

Une coupe de vin clairet.
A votre santé, bonheur et joie !
Que votre aimable nez rougeoie

A l'instar du modeste mien,
Et que le siècle vingt-unième
Vous trouve et me trouve de même

Buvant frais, et tous gens de bien.

RAOUL PONCHON

le Courrier Français
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